SPITZBERG'98

Carnet de route (3)

Jeudi 9 Avril : Cap au Nord !

Surprise ce matin, le vent ne souffle plus et il fait beau, mais toujours aussi froid : -18°C. Personne ne pose de question : on est tous d'accord pour partir sur le fjord, direction Nord ! Une fois le petit déjeuner pris, le camp est vire déplanté, et à 8h30 nous partons. Une fois sur le fjord on se rend compte qu'un petit vent souffle régulièrement du nord, qui rend chaque arrêt pénible. Nous visons une petite île au milieu du fjord, à 10 km, mais nous n'y faisons même pas halte car l'onglée nous prend dés que l'on sort les mains des moufles en duvet pour manger. Le vent forci au fur et à mesure que nous avançons : nous n'avons plus qu'un objectif : atteindre au plus vite la vallée du Tryggvebreen qui devrait nous mettre à l'abri du vent. Nous marcherons pendant 7 h avec seulement deux poses de 5 mn pour accomplir cette longue étape (24 km).

Enfin nous traversons une zone de glace vive avant de prendre pied dans la vallée, où nous trouvons enfin une zone un peu plus enneigée pour planter le camp. Là nous croisons deux Norvégiens qui descendent avec leur skidoo fortement chargé, aprés une tentative d'ascension glaciaire. Ils ont dû déclencher leur balise de détresse pour faire évacuer (en hélicoptère) leur compagnon qui s'est gelé les pieds et le visage. Ce sont les dernières personnes que nous croiserons avant notre retour sur la banquise dans 6 jours. Nous passons la soirée à découdre la doublure de nos survestes goretex pour évacuer la glace qui s'est formé à l'intérieur par notre transpiration gelée. Ce soir tout le monde est fatigué par cette longue étape avec le vent de face mais le moral est meilleur : nous sommes maintenant à l'abri du vent, à l'entrée du massif des Atomfjella.

Vendredi 10 Avril : Au pied du Perriertoppen

Beau temps, toujours trés froid (-18°C). Départ à 8h30 pour remonter le Tryggvebreen. On traverse la lac glaciaire gelé, puis on entame une longue montée raide en contrebas de la moraine déneigée. Arrivé en haut, Denis s'aperçoit que sa pulka a un large trou entre les deux patins : un rocher l'a déchirée ! Il décharge et fait une réparation de fortune avec du contreplaqué emmené au cas où. A 14h nous arrivons au pied de l'éperon rocheux fermant le cirque, lieu ou l'on établi le camp 4. De là, on a une superbe vue sur le Perriertoppen que nous comptons gravir demain.