SPITZBERG'98

Carnet de route (2)


Dimanche 5 Avril : La fondue

Moment convivial de réconfort : dégustation de la fondue de Bonneval   Le camp 2 face au Mittaglefflerbreen

8h30 : Ce matin des bruits de pas mais pas une voix : tout le monde est d'accord pour rester au camp, à panser les plaies de la journée précédente et à faire sécher les affaires. Malgré le soleil il fait trés froid (-15°C), et les tentes sont couvertes de givre à l'intérieur. La nuit a été bonne pour tous : le matériel de couchage est au point. Aprés le petit déjeuner, tout le monde brosse, nettoie, et sort ses affaires pour les faire "sécher". Le vent se sent dés que l'on quitte la combe où est planté le camp. Le ciel se couvre et la température baisse encore (-17°C).

Midi : Isa et Denis dévoilent leur surprise : une fondue savoyarde accompagnée de deux litres de Roussette (gelés bien sur) transportés dans des bouteilles plastiques !. On s'enfume dans la tente mess pour déguster, et c'est super bon : quelle fête ! L'aprés-midi se passe à faire la sieste et à aménager le camp. Nous prenons le repas tôt et nous couchons avec l'espoir d'une amélioration le lendemain.

Lundi 6 Avril : Le Glacier

Le front du glacier (1) Le front du glacier (2) L'espoir renait

Des rafales de vent secouent la tente de temps en temps. En bas dans la fjord, le vent souffle régulièrement du nord, et la thermomètre marque -19°C ! La décision de rester encore ici aujourd'hui est vite prise. Néanmoins, l'envie de bouger commence à se faire sentir, et Jean décide d'aller faire un tour jusqu'au front du Mittaglefflerbreen. Jean-Luc et moi l'accompagnons, sans oublier de prendre une des deux carabines. La vue vaut le déplacement, mais le retour face au vent qui ne faiblit pas ne nous donne aucune envie de partir vers le nord ! L'aprés-midi se passe à jouer aux cartes, en se disant que demain cela ira surement mieux !

Mardi 7 Avril : Aménagement

Moment convivial de réconfort : dégustation de la fondue de Bonneval Le 200 Le camp 2 face au Mittaglefflerbreen

Les tentes sont secouées en permanence et le fjord est noyé sous la poussière de neige soulevée par le vent qui a redoublé de violence : c'est à nouveau le blizzard ! Le départ est plus que compromis aujourd'hui et le moral est au plus bas. C'est le troisième jour au camp 2 ! Nous tenons un conseil et batissons des plans de retraite : on se donne encore deux jours d'attente, mais aprés-demain on partira, vers le Nord s'il fait beau, vers le Sud, si la tempête persiste. En attendant, on décide de renforcer le camp : nous creusons pour abaisser le tente mess, afin qu'elle tienne mieux au vent, et nous creusons un abri toilette, pour ne pas se geler les fesses.

A 14h le camp est tout beau, et on peut manger. L'aprés-midi, jeu de carte sous la tente, puis nous sommes tirés de notre tormpeur par deux norvégiens qui nous invitent dans la cabane. Ils sont arrivés hier en skidoo, et attendent une amélioration pour partir chasser dans le nord. Nous prenons notre dose de chaleur dans la cabane et discutons : le temps est une petite tempête disent-ils, -20°C avec 50 km/h de vent, ce qui équivaut à un bon -40°C, classique pour la région.

Mercredi 8 Avril : Sortie

La neige soufflée par le vent envahit notre camp Tenue de combat pour un galop d'essai Mise en jambes

Le vent n'a pas faiblit cette nuit, mais la tente mess a bien tenu. Le moral est dans les chaussettes, Jean voudrais bien partir, mais tout le monde hésite : avancer (doucement) face au vent en tirant les pulkas est certe possible en nous déguisant en cosmonaute, mais le risque de gelure existe, et comment planter un nouveau camp en plein vent sur la banquise ? Il faut se mettre à l'abri d'une vallée perpendiculaire, et celle que l'on doit rejoindre se trouve à 23 km au nord ! On est finalement tous d'accord pour rester à l'abri encore aujourd'hui, mais demain on partira comme prévu : direction plein nord ou plein sud !

Jean, Denis, Philippe, puis Jean-Luc décide d'aller faire un tour tester les conditions et se dégourdir les jambes. Discussion animée au déjeuner sur les buts et la suite de l'expé, puis partie de carte habituelle sous la tente. Vers 17h nous sommes surpris par l'arrivée d'un couple de norvégiens tirant leur pulka, costauds, et les figures rendues écarlate par le vent, mais sans gelures ! Ils sont partis de Longyearbyen depuis 5 jours, en passant par le Dicksonfjord (notre voie de retraite) et disent que le vent est beaucoup moins ford par là, car le trajet n'est pas dans l'axe du vent. Ils comptent attendre ici de meilleures conditions pour continuer vers le nord. Ils plantent leur tente à coté des notres, en ayant soin d'installer leur périmètre à ours : nous , les ours on avait commencé à les oublier !